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Parmi les bons amis du journal, je ne dois pas oublier Frédéric Stackelberg qui, outre sa collaboration, fut, avec Signac et Hérold, un de nos plus fidèles souscripteurs mensuels, depuis « La Révolte » jusqu’à la fin des « Temps Nouveaux ».

Stackelberg, lui aussi, venait de la noblesse russe. Son père était un riche propriétaire. Il possédait l’île de Warms : 100 kilomètres carrés et 200 habitants qui lui appartenaient également.

Mais, tout jeune, Stackelberg avait des idées libérales. Il ne s’entendait pas avec son père. Ayant vu fouetter des paysans, il ne put le supporter. Il quitta sa famille et la Russie. Il avait seize ou dix-sept ans alors. Mais sa mère lui fut fidèle jusqu’à sa mort. Devenue veuve, elle vint habiter avec son fils à Nice.

Il se mêla au mouvement révolutionnaire de bonne heure. Du temps de la Fédération Jurassienne, dont il faisait partie, il publia une brochure : La Femme et la Révolution. Plus tard, L’inévitable Révolution, dans la Bibliothèque Sociologique, chez Stock, et enfin, L’A. B. C. de l’astronomie paru en Variétés dans Les Temps Nouveaux.

Par ce rapide aperçu, on peut voir que l’aide n’a pas manqué au journal, ni l’encouragement. Malheureusement, cette aide s’est répartie sur une période de plus de trente années, avec des lacunes que ne comblaient pas les petites souscriptions ordinaires qui pouvaient se monter à un millier de francs chaque année, souscriptions nombreuses mais modiques, variant de 0,10 à 0,50. Un franc parfois, 5 francs, c’était rare, 10 fr. encore plus.

Et cependant que n’aurait-on pas pu faire avec de l’esprit de suite ? J’ai souvent cité l’exemple du « Touring Club » qui, avec une cotisation modique de 5 fr., versée par chaque adhérent, entretient des routes, en construit au besoin, et, en beaucoup de cas, se substitue à l’État pour faire ce dont ce dernier n’est pas capable.

Il est impossible de dire à quel chiffre se montait le total de ceux qui se disaient anarchistes. Mettons 20 000 et nous