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C’était aux souscriptions à aider à couvrir le déficit.

Nous étions quelques-uns qui y consacrions nos forces, notre temps, notre intelligence, notre volonté, les autres pouvaient bien aider de leur poche.

Et cependant, pour mettre le journal à flot, il n’aurait pas fallu tant d’efforts ni tant d’argent.

Sur les 5 000 acheteurs au numéro ou abonnés, s’il y en avait eu seulement la moitié qui s’y fussent sérieusement intéressés — c’est faire large part aux curieux et aux indifférents — et eussent consenti à prendre deux numéros par semaine pour les distribuer autour d’eux — 0, 20 centimes par semaine, ce n’est pas un grand effort — ces 2 ou 3 000 exemplaires eussent suffi à améliorer grandement la situation. Sans compter la propagande faite.

C’est un des mille « petits moyens » d’aider à la propagande, mais négligés par les anarchistes, parce que petit moyen. Les anarchistes ont toujours vu « grand », voulant fonder des quotidiens, alors qu’ils n’étaient pas capables de faire vivre les hebdomadaires qui existaient !

J’eus l’idée de fonder un groupe de souscripteurs bénévoles qui voudraient bien s’engager à un versement mensuel sur lequel nous pourrions compter.

En juillet 1904, nous avions des promesses pour 344 fr. de versement mensuels et récolté 1 188 fr. une fois versés. Mais un an après, les versements mensuels étaient tombés à 200 fr., environ. Deux ans après, ils étaient de moins de 100 fr. Les anarchistes n’ont jamais eu d’esprit de suite.

Ce fut pour sortir de la gêne que je pensai à faire paraître « Le Révolté » tous les 8 jours au lieu de tous les 15.

Si la vente n’augmentait pas c’était doubler un déficit, mais il fallait sortir de la situation où nous végétions. Je ne voyais pas d’autre issue.

Consultés, Reclus et Kropotkine me répondirent : « que, tenant la queue de la poêle, j’étais mieux à même qu’eux de savoir ce qu’il était possible de faire ». Je tentai l’aventure.

Je lançai donc un appel pour annoncer notre intention,