Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/316

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XXIV

LA VIE FINANCIÈRE
D’UN JOURNAL RÉVOLUTIONNAIRE


« Le Révolté » ! « Les Temps Nouveaux » ! « Peuh ! Ils étaient en mendicité perpétuelle » ! Telle est l’appréciation courante dont quelques « bons amis » ont tenté, plus tard, de me faire un grief. Critique que, pendant longtemps, j’ai cru presque vraie, ne me rappelant que les crises traversées, les appels de fonds, les exposés de la situation insérés.

Mais, en relisant la collection du journal, j’ai pu constater que si les difficultés pécuniaires furent constantes et si, au gré des lecteurs, je les en entretenais trop, ces appels de fonds s’adressaient, surtout, aux dépositaires qui se faisaient par trop tirer l’oreille.

Si c’est faire de la mendicité que de dire aux dépositaires, aux abonnés en retard que leur négligence était cause de l’irrégularité de la publication, soit. Je ne chicanerai pas sur le mot : le journal a vécu de mendicité.

Mais ce fut une maladie commune aux journaux de propagande révolutionnaire, car en lisant d’autres feuilles de propagande — même les peuples étrangers — à part quelques exceptions, j’ai pu constater que nous n’étions pas les seuls à avoir multiplié les appels de fonds.

Si, de temps à autres, je glissais un mot à l’adresse de ceux qui nous affirmaient approuver la ligne de conduite du journal, partager nos façons de voir, et leur demandais de nous prouver leur sympathie autrement que par des mots, je suis tellement obtus que, même encore, je crois cette mendicité justifiée.