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6. — J’étais atteint du délire de persécution !

Inutile de reproduire la deuxième lettre qui renouvelle les mêmes faussetés, les mêmes mensonges.

Tout ce que je puis dire, c’est qu’il est pitoyable que des amis de vingt ans, pour se justifier d’un premier manque de franchise aient eu recours à tant d’autres mensonges qui frisent tant soit peu la calomnie.

Ils voulaient avoir leur journal à eux. C’est là le fond de l’affaire. De cela, ils étaient parfaitement libres, et maîtres de le faire si telle était leur intention. Seulement pourquoi ne pas le dire franchement ? Pourquoi s’acharner à prendre un titre qui certainement m’appartenait, à tous les points de vue, plus qu’à eux ?

Un journal à eux paraissant dans les mêmes conditions d’incertitude, il est probable que je leur aurais fait les mêmes objections d’inopportunité, dont ils auraient toujours été libres de ne pas tenir compte. Mais, alors, ils auraient agi sous leur seule et propre responsabilité. Je n’y aurais rien eu à dire. Je n’aurais même eu aucune objection à collaborer avec eux, s’ils avaient voulu accepter.

Pour ne pas perdre contact avec le peu d’amis qui me restaient, je profitai d’un « Message aux Ouvriers d’Occident » que Kropotkine avait envoyé par Miss Bonfield qui l’avait visité en Russie, pour commencer la publication de petits « Bulletins », dans le genre de ceux de Guérin, que je me proposais de publier chaque fois qu’il me serait possible.

J’écrivis à Turner, le secrétaire de « l’Union des Employés », de Londres, ami de Kropotkine, qui m’envoya le numéro du « Labour Leader » contenant ledit message, que je traduisis et qui fut le texte du premier numéro de la série que j’entreprenais.

Je n’avais aucune illusion en faisant cette tentative. Je n’espérais pas atteindre la demi-douzaine sans être forcé de lâcher. Mais ma faillite ne barrerait la route à personne. Or voilà sept ans que cela dure, et j’ai la perspective de pouvoir tenir encore un peu de temps. Mon cercle ne s’élargit pas beaucoup. Mais les nouveaux venus compensent la perte de ceux qui s’en vont. La publication ne fait pas ses frais, mais quels furent les journaux révolutionnaires — à part « la Guerre Sociale » — qui les ont jamais