Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

écrits pour un journal anglais, ils auraient passé sans difficulté. De quel droit faisait-on, dans l’ombre, ce que l’on n’aurait pas osé faire ouvertement ?

Je terminai en réclamant mes articles et mes frais de poste.

Je reçus bien une lettre de la censure m’accusant réception de ma réclamation, mais il n’était pas question de me retourner les articles ni mes frais de poste.

Vers la fin de la guerre, on commençait à parler de la « Société des Nations ». Société des Nations, certes, c’était un beau but à atteindre, mais à condition que ce soient réellement les nations qui composent l’association. Une société des nations dont les membres seraient nommés par les gouvernements était un bloc enfariné qui ne me disait rien qui vaille. J’écrivis plusieurs articles pour combattre ce gouvernement supplémentaire dont on voulait nous gratifier, et expliquer comment j’entendais ce que devait être une vraie société des nations, ayant pour but de les relier, régler elle-même leurs discussions et empêcher la guerre.

À diverses reprises, j’avais écrit à Wells pour essayer de l’intéresser aux projets qui me trottaient par la tête. Il m’avait toujours répondu des lettres polies, mais sans s’engager en rien. Je lui envoyai mes articles sur la société des nations. Voici la réponse que j’en reçus :

52. Jame’s Court.
Buckingam Gate. S. W.

Mon cher Monsieur,

Si vous n’êtes pas en train, payé ou non payé, de travailler pour la victoire de l’impérialisme Allemand, alors je n’arrive pas à comprendre ce que vous vous imaginez faire à l’heure qu’il est.

Votre très sincèrement,
H. G. Wells.

Ne voulant pas être en reste de politesse avec l’auteur de Kipps, je lui répondis par la lettre suivante :

Clifton, 21/3, 1916.
Cher Monsieur,

Ce que je m’imagine faire en les temps présents ? Ce que vous faites vous-même, combattre l’impérialisme allemand.