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Une des choses qui me frappèrent à notre arrivée en Angleterre — qui me re-frappèrent serait plus exact, car j’avais été déjà à même de constater le fait auparavant — ce fut la générosité des Anglais. Faut-il rappeler comment furent reçus les réfugiés belges ? Des comités s’étaient formés dans les localités les plus éloignées pour les recevoir. Nous en rencontrâmes jusqu’au fin fond du Pays de Galles, dans des petits villages de rien du tout.

Des habitations furent préparées pour les y installer ; du linge, des vêtements furent envoyés en quantité, et une allocation hebdomadaire — venant de l’initiative privée — fut allouée à chaque famille, tant qu’elle n’arriverait pas à se suffire par son travail.

Combien furent reçues dans de riches familles et traitées comme si elles étaient de la maison !

Sans doute, par la suite, l’enthousiasme s’était un peu refroidi. C’est que certains réfugiés se montrèrent passablement exigeants et surent se rendre parfaitement insupportables. Mais les secours n’en allèrent pas moins jusqu’à la fin à des milliers de familles qui étaient venues chercher abri en Angleterre.

Les souscriptions, pour venir en aide à tel genre ou tel autre d’infortunes, abondaient.

Il y eut d’abord, la souscription la plus importante — par le total qu’elle atteignit — « Le Fonds du Prince de Galles », pour venir en aide aux misères causées par l’état de guerre. Dès la deuxième année, la souscription atteignit le chiffre coquet de 5 000 000 de livres ; à la troisième année, cela dépassa 160 000 000 de livres, dont la moitié seulement fut dépensée.

C’est qu’ici, contrairement à ce que je croyais, la guerre ne fut pas la source de misère que je prévoyais. Le départ pour l’armée de millions d’hommes faits avait creusé des vides dans le monde du travail. Il n’y avait plus assez de travailleurs pour remplacer ceux qui manquaient, et l’énorme consommation de munitions offrait du travail aux femmes, à tous ceux qui voulurent travailler.

Je ne me suis pas amusé à dénombrer les souscriptions mais elles furent extrêmement nombreuses et fructueuses.