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Jusqu’à un commandant de l’armée qui lui envoyait sa fille.

Mais par sa propagande, il s’était attiré la haine du parti clérical. Aussi profita-t-on de l’attentat de Moral — un professeur de son école — contre le roi pour l’arrêter comme complice.

Ferrer était-il au courant des projets de Moral ? Qui sait ? En tout cas, on ne put prouver sa complicité, on dut le relâcher.

Le cas de Moral, du reste, était un peu celui d’Émile Henry. Comme pour ce dernier, c’était, paraît-il, un suicide. Moral était amoureux de celle dont Ferrer devait faire sa compagne.

Peu après, une insurrection ayant éclaté à Barcelone, qui dura une semaine, nombre d’églises et de couvents furent brûlés. Les cléricaux prirent alors leur revanche. Fusillades et arrestations en masse eurent lieu, et il s’ensuivit une véritable terreur.

Cette fois l’occasion était trop belle. Ferrer fut compris dans les poursuites intentées contre ceux qui étaient compromis — ou que l’on voulait englober dans la répression. — Il avait réussi à se cacher. Mais traqué, découvert, il fut arrêté, traduit devant un conseil de guerre qui le condamna à mort après un semblant de jugement.

L’opinion publique se souleva de partout. Partout des manifestations eurent lieu en sa faveur.

À Paris, Charles-Albert organisa un « Comité de défense de Ferrer ». Une entente eut lieu entre ce comité et celui de « Défense Sociale », les socialistes et la Guerre Sociale.

Le gouvernement français avait-il quelque chantage à exercer contre le gouvernement espagnol ? Je le croirais, car, non seulement, il laissa faire, mais organisa la manifestation qui avait été mise debout par ces divers groupes.