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— Le calcul est facile à faire. — Mon livre de comptes était à jour, — Le numéro nous coûte tant. Il faudra que je reprenne un camarade avec moi, c’est 60 de plus par semaine. — 40 fr., c’était tout de même trop maigre.

Nous avons tant d’abonnements par mois, tant de vente au numéro. Il rentrera tant. Le déficit pourra aller de 300 à 400 francs par mois.

— Je peux faire la somme.

Je me grattai l’oreille. Il paierait le déficit, c’était bientôt dit, Je connaissais mon bonhomme, et n’avais pas la moindre confiance dans ses promesses. Mais c’était mon secret désir de voir le journal redevenir hebdomadaire.

Avant de me décider, cela méritait réflexion.

J’en parlai à ma femme. Il ne faut pas plus compter sur Bertrand que sur une planche pourrie, dis-je. Avec lui, les promesses ne comptent pas.

Et ma femme avait la même opinion, et était pour la prudence.

— Oui, mais si nous pouvions reparaître tous les 8 jours, peut-être arriverions-nous à retrouver de nouveaux lecteurs, développer notre tirage et notre propagande. Il ne faut pas compter sur ses promesses, c’est entendu. Mais s’il s’engage, il tiendra quelque temps tout de même. Ne tiendrait-il que 6 mois, ça serait suffisant peut-être, pour que l’expérience réussisse.

Bertrand m’avait dit que sa situation allait encore s’améliorer dans des proportions inespérées.

Reparaître tous les 8 jours était bien tentant. Le désir de reprendre notre place dans le mouvement l’emporta sur la prudence. Je répondis à Bertrand que, comptant cette fois qu’il tiendrait parole, j’allais tenter l’entreprise. Il me confirma ses promesses.

J’annonçai nos projets dans le numéro 10 de la 16e année. Et, dès le n° 17, de la même année, nous inaugurions le retour à l’apparition hebdomadaire. Girard reprit ses fonctions avec moi, au journal.

Le premier mois, le déficit ne fut que de 200 fr. Je m’em-