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deux chaque semaine pour venir avec moi à l’imprimerie assister à la mise en page, et donner ses conseils.

Je vois, dis-je à Charles-Albert, que c’est la création d’un poste d’inspecteur des blancs de la mise en page, que vous proposez. Ce qui eut pour effet de le froisser.

À la fin, il semblait revenu de sa mauvaise humeur. Il convint que tant que la situation du journal ne serait pas meilleure, il était impossible de payer les articles. Nous ne pouvions pas nous reposer sur la bonne volonté d’un seul pour inaugurer cela.

Ce fut peu de temps après qu’il inventa avec un nommé Duchêne, un nouveau parti révolutionnaire qui, du reste ne vit jamais le jour. Mais il cessa sa collaboration, trouvant que le moment était venu de « reviser » ses idées.

Quant au bonhomme aux promesses, j’aime à penser qu’il était animé de bonnes intentions. Seulement, il en restait là.

Mais ceci est de l’histoire ancienne. Il lui arrivait parfois, de se rendre utile. Lors de l’affaire Ferrer, ce fut lui qui, sous le nom de Bertrand, nous aida à mener la campagne d’agitation en vue de sauver notre camarade. Il paya de sa poche les frais du numéro exceptionnel que nous publiâmes, qu’il rédigea lui-même, et où il raconta les forfaitures du procès, dont le texte fut reproduit en brochure.

La campagne, si elle ne réussit pas, avait été bien menée. Cela est à son actif. Je le prenais comme il était, continuant mes relations avec lui, prenant ses promesses pour ce qu’elles valaient.

Le journal paraissait tous les 15 jours depuis 18 mois environ, lorsqu’il vint me trouver pour me dire que, vraiment, c’était pitoyable pour les Temps Nouveaux, de ne paraître que tous les 15 jours. Il fallait qu’ils redevinssent hebdomadaires.

— Oui, mais qui comblera le déficit ? À l’heure actuelle bien que la situation ne soit pas brillante, nous pouvons marcher sans trop de tiraillements. Je ne veux pas risquer d’empirer la situation.

— À combien se monterait le déficit ?