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d’excellentes. Seulement, si elles n’étaient pas déjà en pratique, c’est que les moyens manquaient pour les appliquer.

Qu’à cela ne tienne ! Il était toujours plein de promesses. Il ferait ceci, organiserait cela. Il était prêt à se charger de tout.

Lui aussi, n’avait qu’un défaut. C’est que, une fois le dos tourné, il oubliait les promesses faites.

Un certain jour, il avait profité de mon absence du journal pour réunir les camarades qui s’y intéressaient et, leur proposa tout un plan de réformes et de changements, sans me consulter.

Ce fut Madame Girard qui vint me prévenir, mais je n’eus pas à intervenir, l’homme ayant oublié tous ses projets d’amélioration et ses promesses financières.

Plus tard, ce fut moi qu’il vint trouver. Nous devions donner une plus grande extension au mouvement international. Il s’abonnerait à plusieurs des principaux journaux européens. Pour améliorer la rédaction, on paierait les articles.

Sur ce, je me gendarmai. Du reste, la question n’était pas à envisager pour le moment. Avant de penser à payer les rédacteurs, il fallait trouver le moyen de payer le marchand de papier, l’imprimeur et la poste.

Notre homme paierait de sa poche ! Et, en cela, il était appuyé par Charles-Albert qui, ayant perdu de l’argent dans diverses entreprises malheureuses, était dans la nécessité de trouver une occupation lui permettant, à lui aussi, de boucher les trous de son budget.

Naturellement, ce ne fut pas la raison qu’il donna, — peut-être même n’en avait-il pas conscience lui-même — mais ce fut celle que je compris. À l’appui de son opinion, il fit une série de critiques qui m’abasourdirent.

Il y avait des numéros du journal où des articles faisaient double emploi ! D’autre part, il y avait des titres qui n’avaient pas assez de blanc dans la mise en page ; d’autres qui avaient des coquilles, etc, etc.

C’était après une collaboration de plus de vingt années que Charles-Albert élevait ces critiques dont quelques-unes pouvaient être justes mais qu’il était mal venu de faire, car, étant libre, il aurait pu sacrifier une heure ou