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dans chaque numéro, mangeait du bourgeois, et si « leurs écrivains », employaient constamment les mots : bombes, incendies, « casser la gueule », et accrochaient, figurativement, aux becs de gaz, une demi-douzaine de gouvernants et de politiciens dans chaque article.

La Guerre Sociale leur apportait cela, et davantage encore. Le « Citoyen Browning » et « Mamzelle Cisaille », ces deux précieuses inventions de Hervé, firent la fortune de son journal, si cela valut le bagne ou la prison à quelques naïfs qui, ne se contentant pas de mots, passèrent aux faits, croyant que c’était arrivé.

Ils payèrent les pots cassés, mais aujourd’hui, Hervé, casé dans un journal bourgeois, soutient la politique réactionnaire de Poincaré, et ses lieutenants sont lancés dans le monde des affaires.

Il y eut bien d’autres petites saletés. Mais à quoi bon remuer ce fumier !

Pour en revenir à ce qui nous concerne, la mise à 0 fr. 15 ne fut pas une brillante idée, ni une heureuse spéculation.

Cela ne nous empêchait pas de mener quelques campagnes de propagande chaque fois qu’il était possible.

En 1907, ce fut l’affaire Joris.

Ce camarade était allé à Constantinople sur l’invitation des Arméniens pour les aider dans leurs efforts de défense contre l’arbitraire du « Sultan Rouge ». Arrêté à la suite d’un attentat contre ce massacreur, Joris fut condamné à mort.

À plusieurs reprises, il put nous envoyer des lettres[1] qu’il avait trouvé le moyen de faire sortir de sa prison.

À force d’en appeler à l’opinion publique, elle finit par

  1. Voici l’une d’elles :
    Prison Centrale Constantinople, le… Juillet.
    Cher Grave,

    Je n’ai plus eu de vos nouvelles sur ma dernière lettre où je vous demandais l’adresse de Gadobert, en vous remettant égale-