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ainsi notre effort à néant. Avec l’impossibilité de recommencer de sitôt.

Nous avions fait un travail d’écureuil.

Entre temps, les événements marchaient. En Russie, des mouvements annonçaient l’approche de la révolution.

Charles-Albert eut l’idée de commémorer l’anniversaire de la mort de Lavrof en organisant une manifestation où les révolutionnaires seraient venus, le 5 février 1905, proclamer leurs sympathies pour la révolution russe.

Un comité fut formé, où, à côté des noms des rédacteurs des Temps Nouveaux, on pouvait lire ceux de A. France, Séverine, Quillard, Descaves, de Pressensé, Bouchor, Steinlen, Lermina, Jaurès, Geoffroy et quantités d’autres.

Mais, patatras ! dans la semaine où devait avoir lieu la manifestation, le comité fut avisé par France, Quillard et Mirbeau que l’on tenait de source certaine que la manifestation serait empêchée férocement et servirait de prétexte à l’expulsion des réfugiés russes. Par une note aux journaux signée France, Quillard, Mirbeau, Hérold, le comité annonça que, devant les menaces du gouvernement, la manifestation n’aurait pas lieu. Avec les protestations de rigueur, bien entendu.

Charles-Albert et moi refusâmes de signer le contre-ordre, et expliquâmes dans le journal que nous n’approuvions pas cette reculade : que plier devant la menace gouvernementale, c’était encourager les gouvernants à user de la manière forte. Mais l’idée de manifestation était tuée, puisque ceux qui auraient pu amener les manifestants se retiraient.

Cela n’empêcha pas la révolution russe d’éclater.

(Nous ne sommes qu’en 1905).

Plus tard, ce fut Alphonse XIII qui vînt rendre visite à Loubet. À leur sortie de l’Opéra, une bombe fut lancée contre leur voiture, sans occasionner d’autres dommages