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XVI

LES CAMBRIOLEURS


Passer des mouchards aux cambrioleurs, la transition est toute indiquée. Non pas parce que les premiers font la chasse aux seconds, mais parce que les policiers envoyés parmi nous pour accomplir leur besogne furent, je l’ai déjà dit, mais on ne saurait trop le répéter, parmi ceux qui se distinguèrent le plus en présentant le vol comme un moyen révolutionnaire de revendication sociale.

Sans doute, avant eux, le vol avait été envisagé comme un moyen de fournir de l’argent à la propagande. Les terroristes russes avaient commencé en s’attaquant aux caisses de l’État. Et nombre d’entre nous ne se seraient nullement effarouchés de voir quelque riche banque mise à contribution.

Il y eut une tentative de ce genre, comme je l’ai dit, par un camarade allemand, puis vinrent Duval, Pini qui s’attaquèrent à de simples particuliers.

Seulement, ça n’était pas encore devenu une théorie, et restait plutôt exceptionnel en pratique.

Mais, petit à petit, sous l’influence de certains individualistes plutôt louches, se réclamant, justement, des exemples de Duval et de Pini, on commença à représenter le vol comme un moyen révolutionnaire d’attaquer la propriété. Ensuite ce fut l’intrusion de quelques agents provocateurs qui vinrent à la rescousse, et qui, aujourd’hui encore, continuent à mener systématiquement la campagne.

Laissé à lui-même, ce courant n’eût pas été dangereux. Il fallut l’immixtion des policiers et l’organisation de cette propagande de déviation pour que des jeunes se laissassent prendre à ces sophismes.