mes types, gonflés de leur importance, se crurent en droit et capacité dorénavant de décréter qui était mouchard, qui ne l’était pas.
Or depuis peu, était arrivé à Paris, y fréquentant les groupes, un Roumain que les camarades de Roumanie me signalèrent comme étant envoyé par la police.
Ne m’étant jamais rencontré avec l’individu, ni avec les gens qu’il fréquentait, je n’avais, jusque-là, pas eu l’occasion de me servir des renseignements reçus. Mais, soit que les camarades roumains eussent écrit à d’autres, soit que l’attitude du quidam eût paru louche, des suspicions s’élevèrent contre lui. L’accusation fut même lancée, car je reçus un long mémoire dont on me demandait l’insertion et où l’on prenait sa défense.
Le personnage en question, cela va de soi, protestait comme un beau diable. Tant et si bien qu’il finit par intéresser à son cas les gens de la Guerre Sociale qui constituèrent un tribunal — cela devenait une maladie — qui décréta que les accusations portées contre leur client étaient mal fondées.
Je ne pus m’empêcher de leur écrire pour les « féliciter » de leur clairvoyance, de la sûreté de leur jugement, saluant en eux le premier Préfet de Police et le premier Procureur Impérial de la Révolution à venir !
Leur décision n’empêcha pas que par la suite, l’accusation fut reconnue fondée et que C… — c’est tout ce que j’ai retenu de son nom — dût disparaître du mouvement.