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revenait à ma femme encore moins qu’à moi. Je ne marchai plus.

Je suis encore hanté du remords d’avoir si mal employé l’argent de camarades qui avaient eu confiance en moi. Mais venant sous le patronage de Soledad, mes méfiances s’étaient endormies.

Peu après, par je ne sais plus quelle voie, j’appris que Moreno n’avait jamais été professeur à l’école de Ferrer ; que c’était un personnage louche.

Puis ce fut la visite de parents éplorés, dont Moreno, partant pour l’Argentine, avait enlevé la fille, une enfant de 15 ou 16 ans, qu’ensuite il avait abandonnée en route, je ne sais plus où, et dont ils n’avaient plus de nouvelles.

Marié en Espagne, il y avait également abandonné sa femme.

J’écrivis immédiatement en Amérique du Sud pour que les camarades fassent à ce sale monsieur partout où il se présenterait, la réception qui lui convenait. De là-bas il m’écrivit une lettre furibarde, me prévenant qu’il me ferait « mon affaire » à son retour.

Déçu dans ses espérances de pouvoir exploiter à son gré les camarades, il publia dans un journal local ses « confessions » où il avouait ses relations avec la police, et où les anarchistes, principalement ceux qui avaient eu affaire à lui, étaient « arrangés » d’importance.

Les gens de la Guerre Sociale découvrirent, je ne sais comment, que le nommé Métivier, un militant de la C. G. T. était un mouchard. Prévenir les camarades de ce qu’était ce personnage c’était bien trop simple pour eux. En gens qui connaissent la valeur de la réclame, ils firent venir sous un prétexte quelconque Métivier à leur journal, et là, ils le gardèrent toute une nuit revolver au poing.

Le lendemain fut érigé un tribunal où figuraient en bonne place, Merle et Almeyreda. Métivier y fut amené par ses gardes toujours armés. Et là, on obtint de lui tous les aveux que l’on voulut.

Jusque-là, sauf le ridicule de cette mise en scène, tout était bien. Mais le déplorable de cette affaire, c’est que