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second placard qui serait intitulé « Mort aux Voleurs » ! Chacun devait écrire un projet. On verrait quel serait le meilleur. Ce fut mon projet qui fut accepté, après quelques légères modifications de forme par Gautier.

Un ou deux autres placards, rédigés par Gautier, furent encore publiés.

C’était une époque affairée. Avec raison, on nous avait qualifiés « de demi-quarteron ». Nous n’étions pas davantage, mais nous faisions de la besogne pour cent.

La même année, 1880, eut lieu le Congrès ouvrier, dit du Centre, qui se tenait à Paris. Moi, Jeallot, et un troisième camarade y fumes délégués.

Les questions qui devaient être discutées, étaient : l’Action électorale — la Propriété — le Salariat — la Femme — et l’Instruction. J’avais rédigé les rapports sur l’Action électorale, sur la Propriété, et sur la question de la Femme, que je devais lire — c’étaient mes débuts à la tribune. Les autres camarades avaient fourni les rapports sur le Salariat et l’Instruction.

Nous avions pour mission, en outre, de demander que, les délégués n’étant, en fait, que les porte-parole des groupes, ne fussent pas désignés sous leur nom, mais simplement comme « délégué » de tel groupe.

C’était un pavé dans la mare aux grenouilles. Cela ne pouvait faire l’affaire de la plupart de ceux qui étaient là pour se faire un nom. On nous accorda bien de ne pas figurer sous nos noms, mais on en laissa la liberté aux autres !…

La première question à discuter était l’  « attitude du prolétariat dans la lutte électorale ». Quand vint mon tour de monter à la tribune, j’avais la bouche un peu sèche. J’avais du reste, la conviction que je serais « descendu » de la tribune avant d’être arrivé à la moitié de ma lecture. C’était le clan guesdiste qui dominait, et ils étaient, tous, des candidats en expectative. Dans mon rapport, je concluais que tout l’argent dépensé à nommer des députés serait plus judicieusement employé à acheter de la dynamite pour les faire sauter !