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XIV

L’INDIVIDUALISME ET LES INDIVIDUALISTES


Je me suis laissé entraîner par les événements, il nous faut revenir en arrière pour parler d’un courant de déviation qui s’était produit dans le mouvement anarchiste.

Le premier individualiste en date que j’aie connu, était un nommé A. C., employé chez un grand distillateur dont il devint l’associé et fut le successeur par la suite. Il faisait partie du Cercle du Panthéon, fondé par E. Gautier.

Je n’eus pas l’occasion de me rencontrer souvent avec lui. Mais, paraît-il, il était très intelligent, ce qui n’est pas nécessaire pour réussir dans la vie. Mais, en son cas, il semble que cela ne lui nuisait pas.

Il publia un ou deux numéros d’un journal qu’il avait intitulé L’Individu Libre. Il fut le seul à développer sa théorie avec intelligence, sans la pousser à la divagation. Devenu patron, il cessa d’être anarchiste. Je suppose qu’il resta individualiste.

Ce ne fut que plus tard, à la salle Horel, que l’individualisme resurgit, sous une forme qui ne fit qu’empirer en se développant.

En proclamant le respect de l’individualité, en combattant la théorie monstrueuse de l’individu sacrifié « au bien de l’État ou de la Société », en affirmant, pour le premier, le droit à tous les moyens pouvant lui permettre de se développer intégralement, selon ses possibilités, selon ses virtualités, en lui enseignant de s’instruire afin d’être capable de réfléchir par lui-même, de n’attendre