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C’était un des frères des Gachons qui agissait comme secrétaire de Guichard. Il n’intervenait que pour apaiser Delesalle qui, très nerveux, ne pouvait s’empêcher de lâcher quelque imprudence.

Pour les brochures, une vingtaine environ, j’écrivis au Parquet, au juge, puis à Béthune où elles avaient été envoyées. Je finis par les ravoir.

Monatte arrêté, toute la presse lui était tombée dessus, acceptant l’accusation qu’il était un agent royaliste. Même ses amis le lâchèrent un moment. Je fus à peu près le seul à prendre sa défense. Relâché, il m’envoya divers articles sur la situation dans le Nord, et sur un congrès syndical qui eut lieu. Puis, — toujours comme Dunois, — sans que je sache pourquoi, il publia dans L’Action Directe une violente diatribe contre moi. Tout ce qu’il y avait de plus haineux.

Comme tempérament, je ne pourrais mieux le comparer qu’à Bulot, presque le même physique. Lorsque les bolchevicks feront une révolution en France, il pourra avantageusement jouer les Fouquier-Tinville, dans les procès qu’ils feront aux révolutionnaires.

Je me contentai d’écrire à Monatte que, lorsqu’on voulait « engueuler » les gens, on devait au moins avoir la délicatesse de leur payer ce qu’on leur devait.

Il m’envoya une vingtaine de francs sur ce que je lui avais prêté. Comme je comptais le tout perdu, c’était autant de pris sur l’ennemi !