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le personnel, qui s’est cotisé pour embellir ses obsèques, m’affirme-t-on. Il n’a jamais été confondu avec les criminels de droit commun ; sa conduite était un exemple.

Voilà ce qui vaut d’être répété.

Mes bons souvenirs.

Ce fut pendant l’affaire Dreyfus que, avec Ardouin, Dégalvès, — un professeur révoqué pour ses idées anarchistes — nous eûmes l’idée de fonder L’École Libertaire.

Tout le monde se plaint de l’enseignement officiel. Qu’il ne fait que des perroquets, tue l’esprit critique des individus au lieu de le susciter. Pourquoi ne pas tenter une école où l’enseignement serait donné sur des bases rationnelles ?

Une campagne fut menée pour ramasser de l’argent. Mais nous eûmes la malencontreuse idée d’y associer Janvion qui, s’il ne fut pas la seule cause de la faillite, y contribua certainement pour sa bonne part. Nous l’avions chargé de voir les personnalités que nous supposions sympathiques à l’idée, il arriva qu’il embrancha une autre affaire à laquelle je n’ai jamais rien compris.

Il avait touché des souscriptions que nous nous croyions acquises et il se trouva qu’elles l’étaient, parait-il, pour cette autre affaire qu’il menait de front avec la nôtre !

Ayant récolté un ou deux milliers de francs, on voulut débuter en envoyant à la mer quelques enfants que voulurent bien nous confier des camarades.

Dégalvès et Janvion étant d’anciens professeurs, ils étaient tout désignés pour surveiller la caravane, Dégalvès était un bon gros camarade convaincu et sincère, mais un peu lourd. Janvion était un bonhomme hargneux, fielleux, capable de tout lorsqu’il en voulait à quelqu’un. Ils ne tardèrent pas à être en désaccord.

Un jour que ça n’allait pas tout droit, Dégalvès donna une légère tape à un des gosses. Janvion enfla l’affaire.

Dégalvès, évidemment, avait eu tort de frapper l’enfant, mais on peut comprendre un moment d’impatience. Dégalvès n’en faisait pas une pratique.

Quoi qu’il en soit, les camarades réunis pour se prononcer sur le cas, se laissèrent circonvenir par l’astucieux