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XIII

DE L’AFFAIRE DREYFUS AU MINISTÈRE CLEMENCEAU


Comme je l’ai dit, l’affaire Dreyfus me rapprocha de Zola.

Nous aussi, nous avions des nôtres au bagne : il y avait Courtois, dont j’ai parlé. Il y avait Monod, envoyé au bagne pour délit de paroles. Il y avait Théodule Meunier, condamné sans preuves, malgré un alibi que l’accusation n’avait pu démolir.

Parmi ceux qui avaient été condamnés à des peines excessives, il y avait Grangé, insoumis, ayant tiré, sans blesser personne, sur ceux qui l’arrêtaient.

Et combien d’autres dont les noms ne me reviennent pas.

Voici, du reste, une lettre de Tarbouriech qui en énumère quelques autres :

M. Trarieux m’a annoncé lui-même samedi dernier que le garde des sceaux lui a répondu quant à Moysset et Bury, en reconnaissant leur droit à bénéficier de l’amnistie, il ajoute qu’il a saisi son collègue, le ministre des colonies, pour qu’il ordonne leur rapatriement. Je suis heureux de pouvoir porter cette bonne nouvelle à votre connaissance et à celle des compagnons. Quant à Grunwald, la Ligue n’a pas encore reçu de réponse. J’ai reçu de lui une lettre que j’ai transmise à M. de Pressensé.

Que les compagnons se hâtent de faire signer par les mères de Régis Meunier et Grangé une demande en grâce, elle sera favorablement accueillie, M. Trarieux en a reçu l’assurance. Avec un autre Ministère nous n’aurions pas autant de chance de réussir.

Votre bien dévoué.
E. Taubouriech.