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taient de l’y accompagner, en nombre, revolver au poing, Leyret me demanda s’il serait possible de recruter, parmi les anarchistes, une centaine de camarades désireux de se joindre à l’entreprise.

Il y avait là, une attitude qui, quoique un peu théâtrale, me plut par son audace, je promis de faire mon possible pour recruter des volontaires. Mais quelque temps après Leyret vint me dire que l’idée était abandonnée. C’était dommage.

Pour les courses de Longchamp, où devait présider Loubet, on craignait des désordres de la part des militaristes. On fit appel à toutes les bonnes volontés pour aller défendre le Président. Un appel spécial fut même lancé aux anarchistes. Clemenceau, dans l’Aurore, publia un article où il déclarait que l’on verrait, à Longchamp, Jean Grave à côté du préfet de police pour répondre aux attaques des cocardiers. Par les Temps Nouveaux, je répondis à Clemenceau que Grave n’ayant aucune raison de défendre le prestige du président, Grave brillerait par son absence à Longchamp. Et, de fait, avec le groupe de l’ « École Libertaire » que nous tentions de fonder, nous avions organisé une promenade dans le bois de Meudon. Gohier m’accusa, plus tard, d’avoir eu le trac.

Le lendemain de Longchamp, rue Monge, je rencontrai Malato,

— J’étais hier à Longchamp, me dit-il, nous avons été arrêtés à plusieurs. Figurez-vous, mon cher, que j’étais porteur d’un revolver, long comme cela ! et ses deux mains écartées dessinaient la longueur d’un mousqueton de cavalerie. Heureusement, reprit-il, que nous ne fûmes pas fouillés. Je demandai à aller aux cabinets et pus le faire disparaître dans la lunette.

— Vous auriez tout aussi bien pu le laisser à la maison ! fut tout ce que je trouvai à dire en manière de consolation.

Vaughan m’avait demandé des articles pour l’Aurore, non pas qu’il fit grand cas de ma collaboration, mais pensant, sans doute, que ça serait un moyen de m’ « attacher »,