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chose en ne voyant pas Mme Dembourg. Elle devait aimer à être traitée avec « trop » de considération. Nous avions peu de chances de nous entendre.

Dès mon retour à Paris, j’étais aussi allé voir Saint-Auban pour le remercier. Il me dit qu’un M. Michelot désirant me voir, s’était adressé à lui pour le mettre en relation avec moi. Qu’il avait une proposition à me faire.

Il s’agissait de créer un journal dont on me confierait la direction aux appointements de 500 francs par mois. On comptait sur la collaboration de Kropotkine, Reclus, Séverine, et d’autres que je devais voir à ce sujet.

Je ne sais trop sur quoi je me basai, mais il me sembla que ce M. Michelot était un agent royaliste. Pourtant il fallait voir. J’écrivis à Kropotkine, en lui faisant part de mes suspicions. Comme moi, Kropotkine pensa que l’on pouvait voir venir l’homme.

Et quand je revis Michelot, je lui dis que Kropotkine acceptait de faire partie du journal, à condition que nous resterions maîtres de la rédaction, les bailleurs de fonds restant, eux, maîtres de l’administration. Mon bonhomme accepta la combinaison, mais se défila peu à peu, ne se donnant même plus la peine de répondre à mes dernières lettres.

Je vis aussi Paul Adam. Il m’avait écrit pour m’assurer de sa collaboration aux Temps Nouveaux, promettant, en outre, de ramasser au moins un millier de francs dans son entourage. Il me donna rendez-vous dans un bar près de l’Opéra.

À la dernière entrevue, il accoucha de la proposition suivante : Il était en relation avec un nommé Parsons, qui publiait à Marseille, un journal dans le genre du Supplément de la « Révolte ». Je n’avais qu’à lui écrire, nul doute que Parsons me céderait son journal !

Cette proposition me stupéfia.

— Il n’y a pas de raison que Parsons me cède son journal, fis-je timidement remarquer. Au surplus, c’était un journal à nous que je voulais créer, et non continuer celui de Parsons.