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XI

“ LES TEMPS NOUVEAUX ”


Le lendemain de mon arrivée à Paris, j’allai rendre visite à Stock. Je voulais lui proposer mon volume sur l’armée, dont j’avais écrit le brouillon à Sainte-Pélagie et que j’avais terminé à Clairvaux. J’avais choisi comme titre : Sous l’uniforme, mais un vague littérateur réclama ce titre. Ce fut Stock qui trouva La Grande Famille.

Avant de me remettre au travail, j’avais cru devoir — c’était le moins que je pouvais faire — aller remercier ceux qui, parmi les écrivains, avaient spécialement pris ma défense.

Bauër était absent. De tous les autres, je ne me rappelle que Drumont, à la Libre Parole.

De notre conversation, je ne me souviens aussi que du ton goguenard dont il me dit, tout en clignant de l’œil : « N’empêche que nous pouvons nous vanter, chacun de notre côté, d’ennuyer pas mal de gens » !

Je me demandais en moi-même si Drumont était bien convaincu de son antisémitisme ? Non pas de ce qu’il me disait. C’était le ton et le geste, quoique je n’aime pas ceux qui pontifient, surtout en parlant d’eux-mêmes.

Ma première et unique idée, une fois remis en liberté, c’était de reprendre la propagande où nous l’avions laissée, de refaire le journal, puisque c’était la seule chose dont je fusse capable de m’acquitter.