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Ces raisons, je suis sûr que vous les approuveriez et je suis sûr aussi, que vous ne considéreriez pas mon refus comme une défection de ma sympathie pour votre personne et votre talent. Là, n’est pas la question, n’est-ce pas ? Deux jours avant votre lettre, j’ai publié encore un article sur vous et votre livre.

Mon avis est que vous vous fassiez défendre, en l’occasion, au point de vue du droit strict, par un jurisconsulte.

Ce n’est pas le procès de l’anarchie que l’on instruit, mais celui de la pensée humaine tout entière, et dans des conditions particulières, avec des lois spéciales, toutes chaudes. Il faudrait au point de vue de la loi, démontrer ce qu’elles valent, ces lois-là, surtout dans le cas de votre livre. Si vous voulez que je vous trouve un défenseur dans ce sens, je suis tout à votre disposition.

Toujours bien cordialement vôtre.
19 novembre 1893.
J. Ajalbert.

Je répondis à Ajalbert que je serais heureux qu’il trouvât quelqu’un pour le remplacer, ne connaissant, pour mon compte, personne à qui m’adresser.

Voici le pneu par lequel Ajalbert me recommandait Me  de Saint-Auban :

Mon cher Grave,

Mon confrère et ami, Me  de Saint-Anban accepte de vous défendre. Il viendra vous voir tout à l’heure. Il connaît votre livre, et se trouve donc déjà bien préparé. Ce n’est point Me  Aubin dont vous m’aviez parlé, et que je ne connais. C’est, croyez-le bien, en connaissance de cause, que je vous conseille de remettre le soin de votre défense à Me  de Saint-Auban. Vous serez défendu par un philosophe et un jurisconsulte du plus libre esprit.

Bien vôtre.
J. Ajalbert.

Ce fut de cette façon que je fis connaissance avec Me  de Saint-Auban, ce dont je n’eus qu’à me féliciter.

Ramené à Mazas, et écroué dans je ne sais plus quelle division, je n’avais pas encore eu le temps de m’installer que l’on vint me chercher pour me conduire dans une autre division, dans une cellule assez sale.