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VIII

LA TERREUR


Mais nos démêlés avec la Société des Gens de Lettres ne furent qu’un intermède. Arrestations et condamnations suivaient leur cours, ne faisant qu’augmenter l’exaspération des anarchistes.

La condamnation inique des manifestants de Clichy, surtout, avait porté cette exaspération à son comble.

Des bombes, à différentes reprises, éclatèrent dans Paris, faisant plus de bruit que de mal. Lorsque, fin mars 1892, un engin éclata dans une maison du boulevard Saint-Germain, habitée par Benoît, président du tribunal, qui avait condamné les camarades de Clichy. Sans compter celui de l’explosion, cette bombe fit quelque bruit. Ça devenait sérieux. Comment ! on s’attaquait à la magistrature ? Car, il n’y avait aucun doute, c’était bien Benoît que visaient les auteurs de l’acte.

L’émotion n’était pas encore calmée, qu’une seconde bombe éclatait rue de Clichy, dans la maison habitée par Bulot qui avait requis contre les mêmes camarades. Toutes deux ne firent que des dégâts matériels, mais, par les personnages visés, cela leur donnait une importance exceptionnelle. Les journaux en furent indignés. Dans une interview, Bulot déclare que « C’était la première fois que l’on s’attaquait à des magistrats ! Jusqu’alors les condamnés avaient tranquillement « encaissé » leur condamnation sans en vouloir à leurs juges. Vraiment ! le métier de juge devenait impossible si les anarchistes instauraient ces mœurs nouvelles ! »

Dans la Révolte, je relevai cette interview, terminant, l’entrefilet ainsi qu’il suit :