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I

LA FIN DE L’ORDRE MORAL


Revenu du régiment — j’en ai fixé quelques souvenirs dans la Grande Famille[1], — je respirai plus largement.

C’était la fin de l’Ordre Moral. Mac-Mahon avait si bien fait, qu’il avait fini par ameuter toute l’opinion contre lui. Gambetta menait l’attaque. Ce fut la dissolution de la Chambre, puis la campagne pour renommer les 363. C’était le mot d’ordre.

C’est au xiiie que j’avais été inscrit comme électeur. Je votai pour un des 363, qui devait être, si mes souvenirs sont exacts, Sigismond Lacroix. Ce fut l’unique fois que je votai. Entré dans le mouvement révolutionnaire, presque aussitôt anarchiste, je perdis bientôt toute confiance dans le vote.

Un ancien voisin de la Cour des Rames, cordonnier aussi, m’avait proposé d’aller travailler chez lui. J’acceptai. Puis, ne voulant pas rester en garni, je m’abonnai chez Crépin[2]. Quand j’eus versé la moitié de la somme nécessaire à l’achat d’un lit, d’une commode, d’une table et de quelques chaises, je m’installai dans une chambre que j’avais louée Cour des Rames. J’étais chez moi.

On traquait encore ceux qui avaient pris part à la Commune. Cela n’empêchait qu’il commençât à y avoir un réveil d’opinion, appuyé par une propagande pour la création de sociétés coopératives de consommation. Des réunions s’organisaient. Mais je ne commençai à y aller

  1. Un volume chez Stock.
  2. Maison de vente à terme.