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la Société, je demandai à Bonnetain l’autorisation de reproduire celle ci-dessus. Autorisation qu’il m’accorda, en me recommandant d’y laisser la signature, comme on verra par les extraits ci-dessous de la longue lettre qu’il m’adressa :

Le « Figaro », 11 août.
Mon Cher Confrère,

En présence de l’attitude misérable de Zola, je tiens au contraire à ce que vous citiez mon nom au bas de ma lettre de l’an dernier.
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Je vous réitère donc la formelle autorisation de reproduire gratuitement mes bouquins tant que les ressources de votre journal ne vous permettront pas de payer à la Société ce qui lui est dû de ce chef.

Ces droits de reproduction, quand le diable y serait, sont ma propriété et je puis en disposer, vous en faire remise. Si la Société excipe de son droit strict et de ma signature au bas d’un papier (que je n’ai pas lu), pour protester summum jus, summa injuria — je lui fermerai la bouche en lui versant le tant pour cent qu’elle aurait prélevé sur lesdits droits de reproduction. De la sorte, sa caisse ne souffrira pas de mon fait, et ses intérêts tout comme notre dignité d’écrivains seront sauvegardés.

Je ne partage pas vos idées, vous le savez, mais il ne s’agit ici ni d’écoles littéraires, ni d’écoles socialistes ou politiques. Je ne vois en présence : d’une part, que votre bonne foi, basée sur des autorisations formelles, que notre droit à nous, créateurs, de disposer de notre création ; et, d’autre part, que la mesquinerie de gens nous représentant peut-être financièrement, mais non moralement, mais non intellectuellement.
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Un médecin, un avocat, un professeur ont le droit de soigner, de défendre, d’enseigner gratuitement les pauvres diables, et nous n’aurions pas le droit, nous, de donner pour rien aux déshérités la seconde mouture de notre œuvre ?

Ce serait trop fort !

Confraternellement vôtre.
Paul Bonnetain.

Pendant ce temps, que devenait le procès ?

Comme on l’a vu par une lettre de Courteline, c’était Ajalbert qui avait accepté de présenter notre défense. Par