Page:Grave - La Société mourante et l’anarchie.djvu/76

Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
LA SOCIÉTÉ MOURANTE


Maintenant, supposons que le travailleur aisé, au lieu de continuer à placer ses économies en valeurs quelconques, se mette, quand il a réuni une certaine somme, à travailler à son compte. Ceci devient encore de plus en plus impossible, grâce à l’outillage mécanique qui exige la concentration d’énormes capitaux et ne laisse plus de place à l’industriel isolé ; mais nous pouvons admettre sa possibilité et nous supposons que cet ouvrier-patron travaille seul. Si les données de l’économie politique sont vraies, que chaque faculté de l’homme soit an capital engagé et qu’il produise la fortune pour celui qui le met en œuvre, voilà un individu qui apporte le capital-argent, le capital-force, le capital-intelligence ; n’ayant à partager avec personne, il ne va pas tarder à voir décupler son capital-argent entre ses mains et devenir millionnaire à son tour ?


Dans la pratique, l’ouvrier qui travaille seul, à son compte, n’existe presque pas ; le petit patron, avec deux ou trois ouvriers, vit peut-être un tantinet mieux que ceux qu’il emploie, mais il doit travailler tout autant, sinon plus, talonné sans cesse par les échéances ; il ne doit s’attendre à aucune amélioration, bien heureux s’il arrive à se maintenir dans son bien-être relatif et à éviter la faillite.

Les gros bénéfices, les grosses fortunes, la vie à