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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

admirée au même degré. Les idées de morale, de justice, de solidarité se sont développées, elles ont assez de force pour que les privilégiés, pour réussir à se maintenir dans leurs privilèges, aient besoin de faire croire aux individus qu’on les exploite et qu’on les bâillonne dans leur intérêt.

Cette tromperie ne peut durer. On commence à se sentir trop à l’étroit dans cette société mal équilibrée ; les aspirations qui, depuis des siècles, ont commencé à se faire jour, d’abord isolées, incomplètes, commencent à prendre corps aujourd’hui ; elles se retrouvent jusque chez ceux que l’on pourrait classer parmi les privilégiés de l’organisation actuelle. Il n’y a pas un seul individu qui n’ait eu, à ses heures, son cri de révolte ou d’indignation contre cette société, encore gouvernée par des morts, qui semble avoir pris à tâche de nous froisser dans tous nos sentiments, dans tous nos actes, dans toutes nos aspirations et dont on souffre davantage à mesure que l’on se développe. Les idées de liberté et de justice se précisent ; ceux qui les proclament sont minorité encore, mais minorité assez forte pour que les possédants s’en inquiètent et prennent peur.

Donc, comme tous les autres animaux, l’homme n’est que le produit d’une évolution qui s’accomplit sous l’influence du milieu dans lequel il vit, et des conditions d’existence qu’il est forcé de subir ou de combattre ; seulement, de plus que les autres ani-