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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

sant derrière lui des exploités qui formuleraient contre sa domination les mêmes griefs qu’il formule contre ceux qu’il aurait dépossédés. Ce qu’il faut leur faire comprendre encore, c’est comment les bourgeois les ont intéressés à leur société, les amenant à défendre les privilèges des exploiteurs, quand ils croient défendre leur propre intérêt, dans une organisation qui n’a, pour eux, que des promesses jamais réalisées.


La société bourgeoise se charge, elle-même, par son organisation basée sur l’antagonisme des intérêts, de mener les travailleurs à la révolution ; or, les travailleurs ont toujours fait des révolutions mais s’en sont toujours laissé escamoter le profit, parce qu’ils « ne savaient pas ». Le rôle des propagandistes est donc « d’apprendre » aux travailleurs, et pour leur apprendre, il faut leur « démontrer ». L’affirmation fait des croyants, mais non des conscients.

Alors que, même pour les socialistes les plus avancés, l’autorité était la base de toute organisation, il ne pouvait y avoir aucun mal à n’avoir que des croyants ; au contraire, cela facilitait la besogne à ceux qui s’érigeaient en directeurs ; on pouvait procéder par affirmation, on était cru selon le degré d’autorité que l’on avait su acquérir et comme les directeurs ne demandaient pas à leurs prosélytes