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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

Tout ce que nous pouvons faire, c’est de déclarer, dès à présent, que la disparition des individus doit importer peu aux travailleurs ; que c’est aux institutions qu’il faut s’attaquer ; que c’est elles qu’il faut saper, renverser et détruire, n’en laisser subsister aucun vestige, empêcher de les reconstituer sous d’autres noms.

La bourgeoisie n’est forte que par ses institutions et parce qu’elle a su faire croire aux exploités qu’ils sont intéressés à leur conservation ; qu’elle a su, moitié de gré, moitié de force, en faire des défenseurs à son profit. Réduits à leurs propres forces, les bourgeois ne pourraient résister à la révolution, et combien y en aurait-il qui auraient cette velléité ? Donc, les individus ne sont pas dangereux par eux-mêmes.

Mais si, au jour de la révolution, il y en a qui soient un obstacle, qu’ils soient emportés par la tourmente ; si des vengeances individuelles s’exercent, tant pis pour ceux qui les auront suscitées. Il faudra que ceux-là aient fait bien du mal pour que la haine de leur personne ne soit pas apaisée par la destruction de leur caste, l’abolition de leurs privilèges ; tant pis pour ceux qui s’attarderont à les défendre. Les foules ne vont jamais trop loin ; il n’y a que les meneurs qui trouvent cela, car ils ont peur des responsabilités morales ou effectives.

Pas de sentimentalisme bête, quand même la fureur des foules s’égarerait sur des têtes plus ou