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ET L’ANARCHIE

« tiennent les rênes de l’État », nous marchons sûrement à cette révolution qui sera amenée par la force des choses, que rien ne pourra empêcher et que, par conséquent, nous n’avons qu’une chose à faire, c’est d’être prêts à y prendre part pour la faire tourner au mieux des idées que nous défendons.

Mais, cette peur de l’inconnu est si forte, si tenace, qu’après avoir reconnu la logique de toutes nos objections, après être convenu de la vérité de tout ce que nous déduisons, le contradicteur se reprend à dire : « Oui, tout cela est vrai ; mais, peut-être, vaudrait-il mieux agir prudemment. Le progrès ne se fait que peu à peu ; il faudrait éviter l’action brutale : on finirait peut-être par amener les bourgeois à des concessions ! »


Certes, si on n’avait affaire qu’à des gens butés, de mauvaise foi, qui ne veulent pas être convaincus, ce serait à lâcher la discussion, et à leur répondre le mot de Cambronne en leur tournant le dos. Malheureusement, ce sont aussi des gens de la meilleure foi du monde qui, pris par le milieu, l’éducation, l’habitude de l’autorité, croient tout perdu lorsqu’ils la voient disparaître de l’horizon, et, n’ayant plus rien à répliquer, reviennent, sans s’en apercevoir, à leur première argumentation, ne pouvant s’imaginer une société sans lois, ni juges, ni gendarmes, où les individus vivraient côte à côte, en s’entr’aidant au lieu de se sauter à la gorge.