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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

gens, ce sont les bouleversements qu’elle doit amener qui les font reculer devant le remède après avoir reconnu le mal.

« Oui, disent-ils, vous avez peut-être raison, certainement la société est mal constituée, il faut que ça change. La Révolution !… peut-être… Je ne dis pas… Mais après ? »

— Après, répliquerons-nous, ce sera la liberté la plus complète pour les individus, la possibilité pour tous de satisfaire leurs besoins physiques, intellectuels et moraux. L’Autorité et la Propriété étant abolies, la Société n’étant plus, comme actuellement, basée sur l’antagonisme des intérêts, mais, au contraire, sur la solidarité la plus étroite, les individus, assurés du lendemain, n’ayant plus à thésauriser en prévision de l’avenir, ne se regarderont plus en ennemis, prêts à se dévorer pour se disputer une bouchée de pain, ou s’arracher une place chez un exploiteur. Les causes de lutte et d’animosité étant détruites, l’harmonie sociale s’établira.

Il se formera bien, entre les divers groupements, une concurrence, une émulation vers le mieux, vers un but idéal qui s’élargira toujours au fur et à mesure que les individus trouveront de la facilité à satisfaire leurs aspirations, mais cette concurrence, cette émulation seront toutes courtoises puisque l’intérêt mercantile, propriétaire ou gouvernemental ne viendront pas se mettre en travers, et que les concurrents retardataires auront toute facilité pour