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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

C’est que les mines ont été accaparées par des compagnies puissantes qui en limitent la production et qui, pour éviter la concurrence, ont ruiné ou acheté les petites concessions, préférant les laisser inexploitées plutôt que d’encombrer le marché et baisser les prix, ce qui réduirait leurs bénéfices.


Ce qui arrive pour les charbonnages est en train de se produire pour la terre. Est-ce que, tous les jours, le petit propriétaire rongé, pressuré par l’usure n’est pas exproprié au profit du capitaliste ? Est-ce que la grande propriété ne va pas tous les jours se reconstituant ? Est-ce que l’emploi en grand de la machine agricole n’aura pas pour effet de pousser aux syndicats agricoles et d’établir là ces puissantes compagnies anonymes qui sont déjà la dominante dans le monde usinier, comme elles sont la règle invariable dans le monde minier ?

Si on arrive à faire produire quatre et cinq fois plus à la terre, on réduira les terrains de production d’autant, et le reste sera transformé en terrains de chasses, en parcs d’agrément pour nos exploiteurs. Cela commence à se faire en France, c’est un fait accompli par les lords anglais en Écosse, en Irlande dont les populations sont refoulées et décimées au profit des cerfs et des renards dont l’agonie mouvementée servira de passe-temps à un public select semblable à celui