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ET L’ANARCHIE

coup moins de prairies, et faire baisser ainsi le prix de la viande. Mais, aussitôt, il part de là pour conclure que c’est dans l’amélioration de l’agriculture que réside la solution de la question sociale. « Les produits alimentaires étant rendus abondants, dit-il, chacun y trouvera avantage ; les propriétaires, en faisant des récoltes que leur abondance permettra de vendre à bas prix ; les travailleurs, en payant bon marché, pourront vivre largement et économiser sur leur salaire pour devenir capitalistes à leur tour…, et tout sera pour le mieux dans la meilleure des sociétés possibles.


Nous sommes persuadés de la sincérité de M. Ville ; autant que nous permet d’en juger le peu de connaissances que nous avons, son système nous paraît absolument rationnel, nous ne nions donc pas les bons effets que devrait apporter, dans la situation des travailleurs, l’application générale de sa méthode, si les travailleurs pouvaient bénéficier de quelque chose dans la société actuelle. Ses chiffres, au contraire, viennent à l’appui des anarchistes lorsque ceux-ci affirment qu’avec les données de la science actuelle on pourrait, avec beaucoup moins de travail, rendre les produits tellement abondants qu’il n’y aurait pas besoin de les rationner, que chacun pourrait puiser au tas, au caprice de ses besoins ou de sa fantaisie, sans avoir à redouter la disette, comme semblent le craindre certains