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ET L’ANARCHIE

On comprend très bien qu’avec ce système, la part des héritages où l’État pourrait avoir contrôle serait fort réduite et rendrait la loi inutile. Par conséquent, leur suppression entre collatéraux serait de même fort restreinte, vu qu’une masse de dispositions antérieures, entre celui qui veut léguer et ceux qu’il veut favoriser, peuvent accorder à ces derniers des droits sur la fortune du premier, autrement que par voie d’héritage.

Pour empêcher cela, il faudrait des centaines de lois qui interviendraient dans tous les actes, toutes les relations des individus, leur ôtant la libre jouissance de leur fortune, et encore, avec un système aussi inquisitorial, ne serait-on pas sûr d’y parvenir. Il faudrait une révolution ou un coup d’État pour faire accepter des mesures aussi vexatoires. Révolution pour révolution, ne vaut-il pas mieux la faire pour aller de l’avant que pour établir des mesures vexatoires ?


Puis, en admettant que ces lois eussent quelque influence sur le régime de la propriété, en quoi cela modifierait-il la situation du travailleur ? — La propriété, encore une fois, changerait de mains, mais on ne la mettrait pas entre les mains des travailleurs. L’État deviendrait propriétaire. L’État se transformerait en syndicat d’exploitation, et nous avons vu, en traitant de l’autorité, qu’il ne fallait rien attendre de sa part en faveur des travailleurs.