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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

Aussi, malgré la croisade de tous ceux qui, à un degré quelconque, peuvent se considérer comme les meneurs d’une des diverses fractions de l’opinion publique, malgré les calomnies, malgré les excommunications, malgré les condamnations, malgré la prison, l’idée d’anarchie a fait son chemin. Des groupes se fondent, des organes de propagande sont créés en France, en Belgique, en Italie, en Espagne, en Portugal, en Hollande, en Angleterre, en Norvège, en Amérique, en Australie, en langue slave, en allemand, en hébreu, en tchèque, en arménien, un peu partout, un peu en tous les idiomes.

Mais, chose plus importante, du petit groupe de mécontents où elles s’étaient formulées, les idées anarchistes ont irradié dans toutes les classes de la société. Elles se sont infiltrées partout où l’homme déploie son activité cérébrale. Les arts, la science, la littérature, sont imprégnés des idées nouvelles et leur servent de véhicule.

Ces idées ont commencé d’abord en formules inconscientes, en aspirations mal définies, bien souvent boutades plutôt que convictions réelles. Aujourd’hui, non seulement, on formule des aspirations anarchistes, mais on sait que c’est l’anarchie que l’on répand et on y pose crânement l’étiquette.


Les anarchistes ne sont donc plus les seuls à trouver que tout est mauvais, et à désirer un chan-