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ET L’ANARCHIE

peuples nouveaux à exploiter ; c’est pour cela qu’elle envoie les Soleillet, les de Brazza, les Crampels, les Trivier, etc., à la recherche des territoires inconnus pour y ouvrir des comptoirs qui livreront ces pays à son exploitation sans borne ; elle commencera par les exploiter commercialement, pour finir par les exploiter de toutes les façons, lorsqu’elle aura mené ces peuplades sous son protectorat ; ce qu’il lui faut, ce sont des terrains immenses qu’elle s’annexera graduellement, après les avoir dépeuplés ; ne faut-il pas beaucoup de place pour y déverser le trop-plein de la population qui l’embarrasse ?

Vous, dirigeants, des civilisateurs, allons donc ! Qu’avez-vous fait de ces peuplades qui habitaient l’Amérique et qui disparaissent tous les jours décimées par les trahisons, auxquelles, au mépris de la foi jurée, vous arrachez peu à peu, les territoires de chasse que vous aviez dû leur reconnaître ? Qu’avez-vous fait de ces peuplades de la Polynésie, que les voyageurs s’accordaient à nous montrer comme des populations fortes et vigoureuses, et qui, maintenant, disparaissent sous votre domination ?

Vous des civilisateurs ! Mais du train dont marche votre civilisation, si les travailleurs devaient succomber dans la lutte qu’ils vous livrent, vous ne tarderiez pas à succomber, à votre tour, sous votre indolence et votre paresse, comme sont tombées les civilisations grecque et romaine, qui, arrivées au

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