Page:Grave - La Société mourante et l’anarchie.djvu/191

Cette page a été validée par deux contributeurs.
175
ET L’ANARCHIE

Mais, ce qui nous étonne, ce qui nous écœure, c’est qu’il y ait encore des travailleurs qui approuvent ces infamies, ne ressentent aucun remords de prêter la main à ces canailleries, et n’aient pas compris cette injustice flagrante de massacrer des populations chez elles, pour les plier à un genre de vie qui n’est pas le leur. Oh ! nous connaissons les réponses toutes faites qu’il est d’usage de débiter lorsqu’on s’indigne des faits trop criants : « Ils se sont révoltés, ils ont tué des nôtres, nous ne pouvons pas supporter cela… Ce sont des sauvages, il faut les civiliser… Les besoins du commerce l’exigent… Oui, peut-être, on a eu tort d’aller chez eux, mais les colonies nous ont trop coûté d’hommes et d’argent pour les abandonner, etc., etc. »

« Ils se sont révoltés, ils ont tué des nôtres », eh bien ! après ? Qu’allait-on chercher chez eux ? Que ne les laissait-on tranquilles ? Est-ce qu’ils sont venus nous demander quelque chose ? On a voulu leur imposer des lois qu’ils ne veulent pas accepter, ils se révoltent, ils font bien, tant pis pour ceux qui périssent dans la lutte, ils n’avaient qu’à ne pas prêter la main à ces infamies.

« Ce sont des sauvages, il faut les civiliser ». Que l’on prenne l’histoire des conquêtes et que l’on nous dise après, quels sont les plus sauvages, de ceux que l’on qualifie de la sorte ou des « civilisés » ? Quels sont ceux qui auraient le plus besoin d’être civilisés, des conquérants ou des populations inof-