Page:Grave - La Société mourante et l’anarchie.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.
IX
PRÉFACE

moyens violents ; j’ai horreur du sang et de la mort, et je voudrais que l’anarchie attendît son triomphe de la justice seule de l’avenir.

— Croyez-vous donc, répliquai-je, que les anarchistes soient des buveurs de sang ? Ne sentez-vous pas, au contraire, toute l’immense tendresse, tout l’immense amour de la vie, par qui le cœur d’un Kropotkine est gonflé. Hélas ! ce sont là des tristesses inséparables de toutes les luttes humaines, et contre lesquelles on ne peut rien… Et puis !… voulez-vous que je vous fasse une comparaison classique ?… La terre est desséchée ; toutes les petites plantes, toutes les petites fleurs sont brûlées par un ardent, par un persistant soleil de mort ; elles s’étiolent, se penchent, elles vont mourir… Mais voici qu’un nuage noircit l’horizon, il s’avance et couvre le ciel embrasé. La foudre éclate, et l’eau ruisselle sur la terre ébranlée. Qu’importe que la foudre ait brisé, çà et là, un chêne trop grand, si les petites plantes qui allaient mourir, les petites plantes abreuvées et rafraîchies, redressent leur tige, et remontent leurs fleurs dans l’air redevenu calme ?… Il ne faut pas trop, voyez-vous, s’émouvoir de la mort des chênes voraces… Lisez le livre de Grave… Grave a dit, à ce propos, des