ceux qui ont défilé à votre barre et que vous avez torturés, vous, magistrats, comme le chat torture la souris.
En entendant rouler, sur votre tête, les flots de l’éloquence de l’avocat-général qui requerrait contre vous, vous verriez passer devant vos yeux les spectres des malheureux que, dans votre carrière, vous auriez immolés sur l’autel de la vindicte sociale, vous vous demanderiez alors avec terreur si ceux-là aussi n’étaient pas innocents ?
Oh ! oui, nous voudrions, de grand cœur, qu’il y en eût un parmi vous qui, faussement accusé, passât par les transes de ceux qui défilent à votre barre ; car, si un jour, son innocence étant reconnue, s’il était réintégré dans ses fonctions, il y aurait fort à présumer qu’il ne reprendrait sa place au tribunal que pour y venir déchirer sa robe et faire amende honorable de sa vie criminelle de magistrat jugeant au hasard et trafiquant de la vie des hommes.