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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

duite quelconque, nous fussions forcés de l’adopter pour le restant de notre vie, sans pouvoir la modifier, parce que cela pourrait déplaire à un certain nombre d’individus qui, pour une cause ou une autre, trouvant leur compte dans l’ordre de choses existant, voudraient se cristalliser dans le présent.

Mais ce qui est bien plus risible encore, c’est de vouloir nous soumettre aux lois des générations passées, c’est la prétention de nous faire croire que nous devons respect et obéissance aux fantaisies qu’il aura plu à quelques bonshommes de codifier et d’ériger en lois, il y a quelque cinquante ans ; c’est, enfin, cette outrecuidance à vouloir asservir le présent aux conceptions du passé.

C’est ici, alors, que nous entendons récriminer tous les fabricants de lois, ceux qui en vivent, et les naïfs leur emboîter le pas et s’écrier que la société ne pourrait subsister s’il n’y avait plus de lois ; que les individus s’égorgeraient s’ils n’avaient une autorité tutélaire pour les maintenir dans la crainte et le respect des situations acquises.

Nous aurons à voir plus loin que, malgré les lois et la coercition, les crimes n’en continuent pas moins de se commettre, que les lois sont impuissantes à les réprimer et à les prévenir, la conséquence qu’ils sont de l’organisation vicieuse qui nous régit, et que, par conséquent, ce ne sont pas les lois qu’il faut chercher à maintenir ou à modifier, mais le système social à changer.