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idées nouvelles, il faut des moyens nouveaux, à des éléments différents, il faut une tactique appropriée à leur manière de penser. Laissons les panaches et la stratégie à ceux qui veulent jouer les Bonaparte et les Wellington, mais ne soyons pas si bêtes que de les suivre. Quelles que seraient l’énergie et l’activité déployées par les révolutionnaires placés dans ces conditions, l’organisation et la discipline de leurs forces, fussent-elles des plus admirables, ils succomberaient sous le nombre des adversaires que leur susciterait la haine des appétits menacés.

L’espoir des autoritaires se fonde sur la pensée, qu’ils ont, d’arriver à se faire reconnaître comme pouvoir légitime par les autres gouvernements. Politiciens au fond, et rien que politiciens, ils espèrent traiter sur le pied d’égalité avec les autres gouvernants et jouer aux diplomates.

Pour se faire tolérer, le gouvernement qui surgira d’un mouvement révolutionnaire devra renoncer à toute tentative de réforme sociale. Pour bien se faire venir de ses « chers cousins » en autorité, il devra employer, à refréner l’impatience de ceux qui l’auront porté au pinacle, les forces que ceux-ci lui auront mises entre les mains, et les empêcher de donner assistance aux tentatives de révolte qui pourraient se faire jour chez leurs nouveaux alliés. Ce n’est qu’en mentant ainsi à son origine, qu’un gouvernement populaire obtiendrait de l’autorité auprès des pouvoirs environnants. Et si tout gouvernement n’était, de par sa constitution même, infailliblement rétrograde, puisqu’il s’établit pour imposer et défendre un ordre de choses quelconque, ce serait encore une raison pour le repousser, puisque la force des choses le pousserait