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Le progrès lui-même est internationaliste, et peut s’opérer, en même temps, des deux côtés de la frontière. Une idée émise sur un point peut éclore à la même heure, à mille lieues de là et, en peu d’heures, avoir rayonné sur le reste du globe. Une idée n’est pas aussitôt énoncée aujourd’hui, que l’on voit plusieurs individus s’en disputer la paternité, apportant les preuves qu’ils ont des droits égaux à la revendiquer. Ce qui prouve, soit dit en passant, qu’une découverte est bien plutôt le fait d’une génération que d’un individu. La révolution sérieusement sociale qui s’accomplira quelque part aura, forcément, son retentissement au cœur de chaque nation, c’est ce qui la sauvera.


Si nous ne connaissions l’outrecuidance des autoritaires, nous pourrions nous étonner de leur prétention d’assurer le succès de la Révolution par le seul établissement d’un pouvoir fort !

Si le « pouvoir fort » s’amusait à toucher aux privilèges bourgeois, quels que fussent son pouvoir et sa force, il aurait à compter avec la coalition formidable qui l’encerclerait d’un mur de baïonnettes ; coalition cent fois plus féroce que la coalition monarchique de 89.

Il faut être absolument visionnaire pour croire qu’il suffit de s’organiser comme ses adversaires pour être à même de les vaincre. Ce fut l’erreur de la Commune de croire qu’elle pouvait jouer au soldat comme le gouvernement de Versailles, et lui livrer des batailles rangées, et cette erreur causa sa perte.

Si les travailleurs voulaient s’amuser encore à jouer ce jeu-là, ils ne tarderaient pas à s’en repentir. À des