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individus à considérer l’humanité comme leur seule et unique patrie.

L’internationalisme, s’il n’est pas entré dans les esprits est entré dans les faits, ce qui vaut mieux. À l’heure actuelle, tout est international. Il n’y a pas une nation qui pourrait s’isoler et s’enfermer chez elle, et nos protectionnistes les plus enragés, ne peuvent nous « protéger » aussi « fortement » qu’ils le voudraient, forcés qu’ils sont, de tenir compte de certaines réciprocités.

Le télégraphe, les postes, les chemins de fer sont internationaux. Les relations commerciales sont tellement enchevêtrées que certaines maisons semblent n’avoir plus de nationalité. Des maisons de banque, certaines usines sont dans ce cas.

La fabrication des armes de guerre, industrie qui, dans la logique patriote, devrait être éminemment et exclusivement nationale, est une de celles qui, peut-être, est des plus cosmopolites. Les maisons françaises fournissent de canons et d’obus des nations qui, à un moment donné, peuvent être appelées à s’en servir contre la France ; des maisons italiennes, allemandes et anglaises agissent absolument de même. Certains députés sont à la tête de quelques-unes de ces maisons[1]. Cela semble tellement naturel que personne plus ne s’en étonne.

Toutes les branches de l’activité humaine sont occupées journellement, à organiser des congrès internationaux, ne pouvant plus opérer isolément chacune chez elles ; les relations individuelles, elles-mêmes, par ce vaste mouvement, éprouvent aussi le besoin de sortir de leurs frontières.

  1. Voir Hamon : Ministère et Mélinite, pp. 45 à 63.