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un bonheur, au plus juste prix, qui sera respecté par nos voisins grincheux !

Si la révolution se localisait dans une seule nation, il n’y a aucun doute à avoir, les ploutocraties environnantes ne tarderaient pas à lui faire la guerre, peut-être même, sans accomplir la formalité de la lui déclarer au préalable, comme cela se fait actuellement entre ennemis de bon ton, où les adversaires sont d’autant plus courtois, qu’ils se contentent de faire battre les autres, pendant qu’eux se font des politesses, et, entre temps se vendent mutuellement les engins destructeurs qu’ils font fabriquer par ceux qu’ils enverront plus tard en éprouver les effets.

La Révolution de 89, qui était l’émancipation économique d’une classe, est là pour nous prouver que la noblesse, le clergé et la royauté qui régnaient sur le reste de l’Europe se sentirent solidaires de la noblesse, du clergé et de la royauté françaises, on sait quelle coalition formidable elles organisèrent contre la jeune République naissante, et que ce ne fut pas leur faute si cette dernière ne fut pas étouffée avant d’avoir vécu.

La ploutocratie qui est tout autant rapace, sinon plus, avec beaucoup d’autres qualités en moins, ne ferait pas moins si elle se sentait menacée. Nul doute que les bourgeoisies environnantes ne voudraient pas laisser s’établir à côté d’elles, un foyer d’idées nouvelles qui pourraient infecter leurs esclaves. Nous savons de quoi les bourgeois sont capables quand leurs intérêts matériels sont menacés. Un rideau de flammes et de mitraille ne tarderait pas à se dérouler autour de la nation assez malavisée pour ne plus vouloir engraisser aucun exploiteur.