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dividu puisse y puiser à sa suffisance », affirment les économistes bourgeois, et pour justifier cette pénurie de vivres — qu’ils prétendent exister — nos savants à courte vue ont établi, dans leurs livres, nous ne savons sur quelles bases, des calculs d’où il s’ensuivrait que les objets de consommation augmenteraient dans une proportion arithmétique de 2, 4, 6, 8, etc., tandis que la population augmenterait dans une proportion géométrique de 2, 4, 8, 16, etc. !

Aucun chiffre ne prouve cela. Les statistiques les mieux faites sont forcées de laisser tant de points dans l’obscurité qu’il est impossible, surtout en ce qui concerne la production, de rien appuyer de positif sur elles, et il arrive que là, comme ailleurs, chacun voit dans les chiffres ce qu’il veut bien y trouver. Or, malgré cela, non seulement rien ne prouve le bien fondé de l’assertion des économistes, mais aucun document ne fournit trace de ce calcul !

Mais, en faisant ronfler les mots : « proportion arithmétique ! » « proportion géométrique ! » en entremêlant cela de quelques formules algébriques que tout le monde n’est pas à même de connaître, ces affirmations vous prennent un petit air pédant et savantasse tellement convaincu, cela clôt si bien le bec au vulgaire profane qu’il s’imagine la démonstration résider dans la formule qu’il n’a pas comprise.

Et les économistes, radieux de démontrer que, si on laissait les choses continuer ainsi, les vivres ne tarderaient pas à manquer complètement, les hommes se verraient forcés de retourner à l’anthropophagie d’où ils sont sortis ! « Heureusement », disent-ils, « que l’organisation sociale intervient avec tout son cortège de fraudes, de guerres et de maladies occasionnées