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organisés, dites-vous ? Eh bien, soit, nous, travailleurs, nous prétendons à la victoire de par vos théories mêmes.

Votre force consiste dans le respect que vous avez su élever autour de vos privilèges, votre puissance est tirée des institutions que vous avez élevées comme un rempart entre vous et la masse que, réduits à vous-mêmes vous ne sauriez défendre ; votre perfection réside dans l’ignorance où, jusqu’à présent, vous nous avez tenus, de nos véritables intérêts ; votre aptitude est dans l’habileté que vous savez déployer à nous forcer d’être les défenseurs de vos propres privilèges que vous nous faites défendre sous les noms de : Patrie ! Morale ! Propriété ! Société, etc.

Or, aujourd’hui, nous voyons clair dans votre jeu, nous commençons à comprendre que notre intérêt est tout l’opposé du vôtre ; nous savons que vos institutions loin de nous protéger ne servent qu’à nous enserrer de plus en plus dans notre misère, et alors nous vous crions :

« À bas les préjugés bêtes, à bas le respect idiot d’institutions surannées, à bas la fausse morale, nous sommes les plus forts, les mieux doués, puisque depuis une suite innombrable de siècles, nous luttons contre la faim et la misère, sous un travail éreintant, dans des conditions mortelles de mauvaise hygiène, d’insalubrité manifeste, et que nous sommes encore debout et vivaces, nous sommes les plus aptes, puisque c’est notre production et notre activité qui permettent à votre société de se maintenir.

Nous prétendons à la victoire comme les mieux adaptés, car votre classe pourrait, du jour au lendemain, disparaître du globe sans que cela nous em-