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tution débile, restent, au contraire, chez eux, et ont, par conséquent, beaucoup plus de chance de se marier et de laisser des enfants… (Darwin, Descendance de l’homme, p. 145-146.)

Pour que la classe prolétarienne ait résisté, depuis des centaines de siècles, à toutes ces causes de débilitement, et qu’elle continue à fournir des hommes robustes et intelligents, il fallait qu’elle possédât une force de vitalité absolument incomparable ; et la bourgeoisie qui, elle, après si peu de temps de pouvoir et de domination, en est arrivée, en pleine jouissance, à un tel degré d’avachissement, n’a pas le droit de proclamer qu’elle donne le jour aux plus aptes et aux meilleurs. Les faits nous prouvent qu’elle n’en a pas le monopole, qu’elle est au-dessous de ce que la situation devrait lui permettre d’accomplir.

Par le peu qui précède, on voit que la liberté de la « lutte pour l’existence » dont se réclament les bourgeois n’est qu’une liberté illusoire et que ce combat pour l’existence qu’ils voudraient voir se perpétuer parmi nous, est le proche parent de ces combats dont l’aristocratie romaine se délectait dans ses orgies sanglantes, et où, lorsqu’elle condescendait à y prendre part, on donnait aux chevaliers armés de toutes pièces, de pauvres esclaves, à combattre, absolument nus, armés d’un sabre de fer blanc.

Et aux bourgeois qui viennent nous dire que la vie est un éternel combat où les faibles sont destinés à disparaître pour faire place aux plus forts, nous pouvons leur répondre : Nous acceptons vos conclusions. La victoire est aux plus forts, et aux mieux