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douleurs de l’enfantement ne l’auront pas saisie et courbée sur son lit de douleurs. Que l’on ajoute à cela les conditions malsaines dans lesquelles s’effectue, la plupart du temps le travail actuel, voilà plus qu’il n’en faut pour atrophier une race pour longtemps.

Certes, c’est là une situation extrême, le sort de certains travailleurs n’atteint pas cette intensité de misère, il y a des gradations depuis l’individu qui crève littéralement de faim jusqu’au milliardaire qui dépense, pour s’amuser, des milliers de francs à faire enterrer un chien, la gamme se continue d’une façon insensible.

Et le service militaire, lui aussi, n’est-il pas une sélection à rebours, puisque l’on prend les hommes les plus forts, les plus sains, pour les condamner au célibat, à la pourriture de la prostitution des villes de garnison, à l’atrophie morale et intellectuelle des casernes et de la discipline ?

« C’est tout à fait à rebours de la sélection artificielle des Indiens et des anciens Spartiates que se fait dans nos modernes États militaires le choix des individus pour le recrutement des armées permanentes. Nous considérerons ce triage comme une forme spéciale de la sélection et nous lui donnerons le nom très juste de « sélection militaire ». Malheureusement, à notre époque plus que jamais, le militarisme joue le premier rôle dans ce qu’on appelle la civilisation ; le plus clair de la force et de la richesse des États civilisés les plus prospères est gaspillé pour porter ce militarisme à son plus haut degré de perfection. Au contraire, l’éducation de la Jeunesse, l’instruction